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Chroniques de l'ile oubliée

Kupka Ankh Balthazar : Chroniques de l'ile oubliée

Melpomène (IV)

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… Le souffle coupé, elle recula d’un pas, prise d’un sursaut instinctif de protection, puis prenant conscience que la chose entraperçue était peut-être entrée dans le palais, –mais qu’avait-elle vu au juste se demandait-elle, encore haletante– retournant, guidée par un nouveau réflexe de crainte, de la pénombre de la chambre, abritée du jour par les moucharabiehs, au balconnet où un soleil généreux se répandait en une flaque éblouissante, elle repris lentement ses esprits. Tout était calme pourtant. Le jardin semblait avoir conservé l’atmosphère coutumière emprunte de la nonchalance laborieuse des habitués du lieu. Personne n’avait rien remarqué. Le ciel était dégagé, sans un seul nuage à l’horizon. Elle l’avait pourtant bien distinguée alors qu’elle se penchait à la fenêtre, même si sa mémoire maintenant hésitait à classer l’apparition parmi les évènements de la réalité tangible; une ombre noire malfaisante, aux contours étranges, évocatrice d’une silhouette monstrueuse quoique indéfinissable, qui s’était précipitée à la rencontre des murailles, plus bas, avant de disparaitre. Il n’y avait eu ni cris d’effroi, ni vacarme suspect, rien qui puisse confirmer le passage inopinée d’une quelconque créature, réelle ou pas. L’ombre avait traversé le jardin avec une rapidité inhabituelle, comme si quelque chose s’était brusquement interposé entre le parc du château et la lumière solaire, mais ça ne pouvait être un nuage. Trop rapide, trop distinct aussi. et puis l’ombre avait soudainement disparue au pied de la muraille, comme instantanément absorbée, ou alors … oui, quelque-chose était entré. Et elle ne savait pas quoi. Elle resta immobile, le luth pendu contre sa jambe gauche, la main droite posée sur son cÅ“ur, écoutant celui-ci reprendre son rythme, écoutant le chant des oiseaux dans les figuiers, le crissement des râteaux sur le sable de l’enclos, les apostrophes entre domestiques, le léger sifflement du vent venant de l’escalier en colimaçon. Feldspath, le fidèle factotum, devait être aux écuries, en train de s’occuper des chevaux. Si un mouvement inhabituel, inexplicable, dans la cour, avait attiré son attention, il l’aurait certainement prévenu sans attendre. Mais peut-être était-il trop occupé, comme tout les autres. Elle, seule, avait vu ce qui s’était passé. Mais que dire? Il ne restait plus aucune trace, la chose avait filé dans l’air comme un fantôme, s’était dissoute dans un souffle. Elle ne pouvait même pas la décrire.

Elle traversa lentement la chambre, et déposa le luth sur un siège bas le long du mur opposé avant de quitter la pièce. Par la porte restée entrouverte, on pu voir la silhouette de son ombre glisser derrière elle, le long des marches de pierre blanche de la tourelle. Atticus bondit du creux de l’édredon où il poursuivait une sieste certainement méritée et pris la suite de sa maitresse. Le bruit de leurs pas alla décrescendo puis s’éteignit.

Un petit bruit sec retentit sur le balconnet et quelque-chose roula depuis la grande fenêtre jusqu’au milieu des tapis … (suite)

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